Ma Solitude

Il y a 16 ans, je vivais près de Paris, avec mon mari et mes deux enfants alors âgés de 4 et 2 ans, dans une magnifique maison que nous venions d’acheter, lorsque ma vie a basculé. Mon mari, quiétait mon compagnon de vie depuis 17 ans, celui avec qui je partageais tout et en qui j’avais mistoute ma confiance, m’annonça qu’il me quittait car il était amoureux ; voici ce qu’il me dit mot pour
mot :

«J’ai rencontré quelqu’un, je l’aime et elle m’aime… je l’aime tellement que je me suis rendu compte que je ne t’avais jamais aimée !»…. et au cas où je n’aurais pas bien compris, il ajouta : «De toute façon, je ne sais pas ce que tu t’es imaginée, mais pour moi, nos enfants, ne sont pas des enfants de l’amour !!!»

A cet instant précis, mon coeur s’est déchiré…. Mon monde entier s’est écroulé et j’ai été submergée par une souffrance intense et totalement insupportable ! J’avais alors 34 ans, je débutais ma vie demaman, j’étais heureuse et j’avais la tête pleine de beaux projets que je rêvais de vivre en famille…tout s’est arrêté brutalement !

Je vous épargnerai l’horreur des mois qui ont suivi, j’ai été humiliée, bafouée, rabaissée, harcelée, je dirais même torturée psychologiquement par cet homme qui était devenu un étranger malveillant… un ennemi !

J’ai perdu l’homme que j’aimais, la structure familiale telle que je l’avais créée et souhaitée, J’ai été contrainte de renoncer à mes projets et à mes plans de vie, j’ai été trahie, bafouée et humiliée… et la douleur était si intense que j’ai vraiment cru que j’allais mourir de chagrin, oui ça peut sembler excessif, mais c’est vraiment ce que j’ai ressenti !

Au bout de quelques temps, voyant que je survivais, je pensais devenir folle…. j’ai passé des heures interminables à pleurer, je vivais comme un robot qui assumait les tâches quotidiennes…. Je faisais des efforts surhumains pour mes enfants mais c’était comme si tout, à l’intérieur de moi, était brisé en mille morceaux et tellement douloureux…

Pour nos enfants, nous avions pris la décision commune que j’arrêterais de travailler pour m’occuper d’eux, c’était également mon souhait le plus cher et lorsque je me suis retrouvée seule, j’étais sans travail, donc sans argent, et également sans famille et bientôt sans maison…. Le choc émotionnel fut si violent que j’ai perdu la mémoire à court terme, comme si j’avais la maladie d’Alzheimer !

Oui à 34 ans !!! Mon corps m’a également lâchée et je me suis retrouvée avec un corset en plâtre pour le dos pendant des mois, j’ai reçu plusieurs infiltrations dans la colonne vertébrale puis finalement j’ai été opérée… Bref ma vie était devenue un enfer ! Je donnais à mes enfants toutes les ressources restantes en moi que je puisais, je pense, dans l’amour infini que j’avais pour eux…

Si je vous ai raconté cette partie de mon histoire, c’est pour vous dire que l’un des aspects les plus difficiles a été de vivre dans une grande solitude… Être seule a été pour moi une source de TRÈS grande souffrance.

[Solitude : Sentiment qui exprime le fait de se sentir seul et d’en souffrir…… La solitude est très différente selon qu’elle est choisie ou subie…. un sentiment de solitude chronique peut-être intense et très douloureux.]

Je me sentais seule à en mourir, sans soutien et sans personne à qui confier ma douleur. Ma sensation de solitude était très intense. Je souffrais du manque de l’autre, de mes repères et de ma vie d’avant et je ne parvenais plus du tout à être en connexion avec moi-même et avec mes ressources.

J‘étais seule et perdue, avec la sensation horrible que je ne parviendrais jamais à surmonter ces épreuves… alors, pour ne plus souffrir, je me suis coupée de moi-même, de mes goûts, de mes attentes et de mes besoins et je me suis également coupée des autres.

J’avais besoin d’un soutien que je n’ai jamais reçu et j’ai dû réapprendre à vivre seule et à tout mener de front. Le temps est passé et j’ai continué d’avancer en mettant mon focus sur ce qui était mon seul et unique moteur de vie : mes enfants ! Être une maman a été pour moi une expérience extraordinaire que j’ai, malgré tout, vécue avec tout mon coeur…

Durant toutes ces années, je me suis sentie si seule, subissant cette terrible souffrance qui occupait une énorme place à l’intérieur de moi. La solitude était comme un monstre à combattre, un défi grandissime à dépasser car je n’ai jamais aimée être seule. J’avais même ça en horreur !

Alors, je me suis obligée à rester seule, j’ai arrêté de chercher les autres en me disant que c’était beaucoup mieux pour moi et que j’allais m’y habituer. J’ai fini par me résoudre à accepter que j’étais vraiment seule et que ça n’était pas si grave, il fallait de toute façon que j’apprenne à accepter ma solitude et je me suis en quelques sortes résignée, pensant que j’étais enfin «sortie d’affaires»… je croyais avoir surmonté ma peur de la solitude et la souffrance qui l’accompagne, simplement parce que j’étais capable de vivre seule, de rester seule, de tout faire seule…

En fait, ça n’était pas si simple et j’ai pris conscience dernièrement, que ma solitude avait pris une
tournure d’isolement… dans lequel je m’étais enfermée. Ça a été je crois, une manière ultime de me
défendre et de me protéger. J’avais fait le choix inconscient de m’isoler, de me couper des autres
pour ne plus souffrir… et cette solitude, contrairement à une solitude choisie, n’était finalement pas source de sérénité et de bonheur.

J’ai fait le vide autour de moi et je réalise aujourd’hui que la solitude que je croyais avoir apprivoisée, m’a finalement complètement emprisonnée…. je n’ai pas su transformer ma solitude imposée en solitude heureuse. Je n’ai pas pris le chemin qui mène à une solitude consciente et bienfaisante et je me suis repliée sur moi-même. Je suis bien-sûr capable de rester seule sans pleurer des heures entières, mais j’aurais dû être capable de profiter d’une vie nouvelle plus satisfaisante.

Il m’a fallu énormément de temps pour conscientiser tout ça, mais j’y suis parvenue et je tiens à vous
montrer les points bénéfiques qui finalement ressortent de mon histoire : Je sais que je possède le
potentiel nécessaire pour apprendre à faire en sorte que ma solitude engendre du positif dans ma
vie.

J’ai compris qu’elle peut devenir une alliée formidable et qu’elle ne doit pas devenir un obstacle
à la qualité des liens que je peux entretenir avec les autres. Je sais qu’en m’obligeant à être seule
face à moi-même, elle m’enseigne à découvrir mes aspirations et à connaître mes propres besoins.

Elle m’apprend à me connaître et à m’accepter telle que je suis et donc à m’aimer pour ce que je
suis, c’est-à-dire parfaite avec mes imperfections, mes faiblesses et mes blessures.
Peut-être est-elle là également pour m’aider à comprendre que tout ce que j’ai vécu a sa raison
d’être et m’apporte la chance d’évoluer vers une meilleure version de moi-même.

Et enfin, elle m’a surtout permis de comprendre que j’ai le devoir de m’offrir à moi-même ce qui est
vital à mon bonheur et à mon équilibre. C’est à moi de faire entrer dans ma vie la lumière, la
considération, l’attention, le respect et l’amour dont j’ai besoin…

Je dois cultiver tout ça en moi !

Nous devons et pouvons tous le faire, alors si vous vous sentez vraiment seul et que vous souhaitez améliorer votre situation, voici quelques conseils qui vous permettront de sortir de la solitude, un pas à la fois :

Prenez le temps de comprendre pourquoi vous vous sentez seul et interrogez-vous sur la nature de votre solitude. Est-elle due à une rupture amoureuse ou familiale, à une perte de vos liens sociaux ? Identifier votre solitude vous permettra de ne pas la voir comme une montagne infranchissable et vous évitera d’avoir un sentiment d’impuissance vous empêchantde faire les changements qui vont vraiment vous aider.

Plus on se replie sur soi-même, moins on s’attribue de valeur personnelle. Prenez le temps de lister vos qualités et vos talents et relisez régulièrement votre liste pour booster votre estime de vous. Apprenez à vous connaître, à vous apprécier, à vous aimer.

Recommencez à prendre soin de vous, aussi bien physiquement, qu’émotionnellement. Faites une liste de ce qui pourrait vous procurer du bien-être et accordez-vous ces petits moments de plaisirs (un bon livre, un film, un massage,…).

Inscrivez-vous à des clubs sportifs ou des associations, c’est une excellente manière de sortir de l’isolement. Demandez-vous également comment vous pourriez aider les autres, en faisant du bénévolat par exemple.

Parler avec un thérapeute de ce que vous ressentez. Il vous aidera à comprendre pourquoi vous vous sentez seul et vous amènera à dépasser ce sentiment de solitude.

 

Et vous, comment vivez-vous la solitude ?